De nombreux FERRANHE, FERRAIGNHE, FERRAIGNE, FERRAGNE …
Ces recherches (encore partielles) sur ces différentes familles permettent de dégager quelques grands traits généraux de leur histoire.
3.1. Pour les périodes étudiées, les histoires et l’implantation des lignées FERRANHE-FERRAIGNE-FERRAGNE, nobles et roturières, se déroulent quasi exclusivement en Auvergne et se révèlent fort anciennes. Elles concernent deux ensembles d’individus, nettement distincts et séparés, l’un noble, l’autre roturier, ayant vécu à une trentaine de Km l’un de l’autre (à vol d’oiseau). L’ensemble roturier était déjà totalement constitué et indépendant de l’ensemble noble dès la fin du 16e siècle au moins (limite des archives existantes).
L’histoire de la famille de LICQUES, devenue seigneurs de FERRAIGNHE est postérieure et indépendante et, hormis le rachat du titre seigneurial, sans lien avec les précédentes.
3.2. L’histoire des seigneurs de FERRANHE (FERRAIGNHE en français) anciens (familles d’ESPALY) rapportée ici est extrêmement fragmentaire faute d’études détaillées.
Si, malgré les réserves déjà formulées, on accepte la reconstitution historique proposée par A. BOUDON-LASHERMES, en particulier, la position de « comarc » occupée par la famille d’ESPALY (peut-être d’origine carolingienne ou plus ancienne ??), son souci de la défendre (face à la montée au 10e siècle d’une aristocratie locale et d’une noblesse nouvelle ?), qui peut avoir joué un rôle déterminant dans la formation et l’apparition du titre seigneurial (voir ci-après) sont fort mal connus, et même discutées.
Chargée d’événements, avec notamment les mutations à partir du 10e siècle et le passage des structures antiques aux structures féodales, avec, à partir du 11e siècle, le commencement de la transmission aux cadets de famille des noms, transmission jusque là limitée et réservée au lignage direct, cette histoire reste à reconstituer. Nous ignorons beaucoup de ces 5 siècles d’histoire de la famille d’ESPALY allant des comarcs ( ?) (dont l’histoire commencerait au 10e-11e siècle ?), à l’apparition au 13e siècle (voire avant ?) du titre de seigneurs de FERRANHE , puis les commutations des noms d’ESPALY et de FERRANHE jusqu’à la disparition de la lignée d’ESPALY avec Eymar de FERRANHE, simple hobereau tyrannique, décédé sans descendance mâle (annexe 2).
3.3. L’histoire des lignées roturières de Craponne et Églisolles, connue seulement à partir de la fin du XVIe siècle, correspond à celle de familles rurales « tranquilles », artisans et laboureurs.
Leur arrivée, leur installation en pays vellave, sont inconnus.
3.4. On ne peut qu’être frappé par la similitude, le parallélisme et l’étroite co-variation orthographique des noms de famille nobles (formes latine, occitane et françaises réunies). Dès le 16e siècle, l’analogie est tout à fait frappante :
* chez les roturiers : FERAIGNE, FERRAGNIE, FERRANIE, FERRAIGNIE (le redoublement du I visant à « mouiller » plus encore le « gn » ?), FERRAGNE (vers l’époque moderne où une sorte de retour vers la forme occitane semble se produire avec la disparition du I de AI) :
* chez les nobles : FERRANHA, FERRANHE, FERRAGNHE, FERRAIGNES, FERRAIGNHE.
Il est donc fort probable que tous ces noms très rares, avec des variations orthographiques nombreuses, mais une phonétique identique, sont monophylétiques, c’est-à-dire qu’ils ont une origine commune. Celle-ci devrait être fort logiquement à rechercher à Espaly-Saint Marcel.
3.5. Toutefois, à ce jour, aucun lien de parenté, aucun élément généalogique commun entre l’ensemble roturier (lignées de Craponne-sur-Arzon et Églisolles) d’une part, et les familles d’ESPALY, seigneurs de FERRAIGNE et les de FERRAIGNE d’autre part, n’a pu être mis en évidence à partir des archives disponibles et consultées à ce jour.
Mais la localisation géographique très limitée des porteurs nobles et roturiers des noms FERRAIGNHE- FERRAIGNE vient toujours soutenir l’idée d’un lien entre ces deux groupes.
La présence des FERRAIGNE roturiers à Eglisolles et à Craponne est bien antérieure à l’extinction de la branche d’ESPALY, seigneur de FERRANHE à la mort en 1570 d’Eymar, resté sans descendance mâle. Cela exclut tout lien direct et récent avec cette famille d’ESPALY et les roturiers.
Seul un lien très ancien avec une des familles nobles de FERRAIGNE pourrait être envisageable. Le seul indice possible d’un tel lien est d’ordre géographique. En effet, d’après le Vidimus terram de Ferranha de 1510 (planche 6), vidimus d’un terrier plus ancien, on sait (Ph. Ramona, communication personnelle) que Goddefroy d’ESPALY a cédé des terres à Jean de LICQUES [1]. Les seigneurs de FERRANHE possédaient donc des terres à MÉZÈRES, commune de Rosières (au Sud de Retournac), soit à vol d’oiseau, à 12 km de Tiranges et 18 km de Craponne.
Selon Ph. Ramona, les FERRANHE pourraient avoir migré des plateaux de la région de Craponne vers Espaly-St-Marcel et non pas le contraire ….
Un schéma synoptique tente de situer chacune de ces histoires noble et roturière dans un contexte historique plus général (figue 3).
[1] Le produit de la vente était destiné à payer la dot de sa fille Gabrielle (sœur d’Eymar d’ESPALY, dernier de sa lignée, (voir les témoignages)) avec Antoine JAUSSERAND, alias de POSOLS.