De la noblesse des Seigneurs de FERRAIGNE 

                                  

 

 

A. Quelques rappels d’histoire de la Noblesse (avant 1790)

 

(extrait de Nobility and Titles in France, in http://www.heraldica.org/topics/france/noblesse.htm

(traduction de l’anglais par A. FERRAGNE)

 

 

La nature de la Noblesse

 

            La noblesse était une qualité, un caractère distinctif légal de l’individu, qui était tenue ou acquise de différentes manières et qui conférait des droits et privilèges spécifiques.

            La noblesse était habituellement une caractéristique héréditaire, mais certaines formes de noblesse ne pouvaient pas être transmises. Quand elle était héréditaire, la noblesse venait habituellement du père, mais parfois un plus haut pourcentage de sang noble pouvait être exigé (compté en nombre de « quartiers ») ou que la famille soit noble depuis un certain nombre de générations. Un noble épousant une roturière ne perdait pas sa noblesse, mais une femme noble qui épousait un roturier la perdait, aussi longtemps qu’elle était mariée au roturier.

 

            La noblesse était un concept légal important, en particulier à cause des privilèges qui lui étaient attachés. Les impôts étaient levés à l’origine pour aider le souverain en temps de guerre et étant donné que les nobles devaient apporter une aide en nature, en combattant pour leur souverain, ceux-ci étaient habituellement exemptés d’impôts. Ce privilège perdit sa raison d’être après la fin du féodalisme et la noblesse n’eut plus rien à voir avec l’activité militaire, mais il survécut pour les plus anciennes formes de taxation jusqu’en 1789.

 

Acquisition de la noblesse

 

            Mais on pouvait aussi acquérir la noblesse et cela fut un mode numériquement important à partir du 16e siècle. Il y avait trois principales façons d’être noble.

 

            1. par la naissance : habituellement, mais pas toujours, par le père, la mère pouvant être roturière. Les bâtards de noble devenaient nobles, quand ils étaient légitimés par lettres du souverain.

 

            2. par la charge. Selon la charge, le titulaire de la charge devenait noble, soit immédiatement, soit au bout d’un certain nombre d’années, la noblesse étant personnelle ou héréditaire, héréditaire pour 2, 3 ou plusieurs générations.

            Ces charges étaient au 18e siècle au nombre d’environ 4000 (de justice : « noblesse de robe » ; municipales : « noblesse de cloche » ; fiscales ; administratives ; militaires)

 

            3. par « lettres ». Le roi pouvait ennoblir qui il voulait. En période de difficultés financières, le roi vendait de telles lettres d’ennoblissement.

 

            Un noble pouvait perdre sa noblesse s’il avait failli à l’un de ses devoirs féodaux ou s’il pratiquait une activité délictueuse telle que commerce, activité manuelle. Médecine, soufflage du verre, exploitation de mines, commerce maritime, et commerce en gros étaient permis.

 

            Un fils de noble ou un petit-fils de noble était appelé un noble de race ou gentilhomme. Si ses 4 grands-parents étaient nobles, il était un gentilhomme des 4 lignes. Si aucun roturier n’était présent dans sa lignée mâle, il était considéré comme gentilhomme de nom et d’armes.

 

Titres de noblesse

 

            Le statut de noblesse était donc une qualité personnelle, héritée ou acquise. Les titres de noblesse étaient un rang attaché à certaines possessions de terre. Les deux (noblesse et titres) sont donc séparés, bien que la noblesse soit une condition préalable au titre de noblesse. Ceci explique pourquoi un grand nombre de familles soient sans titre.

 

            Historiquement, les titres passèrent par trois phases.

 

            1. A l’origine (6e-12e siècle), ils furent des charges ou des fonctions qui devinrent (a) héréditaires et (b) attachés à la possession de terres spécifiques ;

            2. Plus tard (13e-18e siècle), ils furent un statut spécial attaché par le roi à des terres spécifiques, transmissibles avec la terre, selon certaines règles ;

            3. Finalement (19e-20e siècle), les titres devinrent de simples appendices héréditaires du nom de famille.

 

            1. Les titres issus de charges (6e-12e siècle).

 

            L’origine des titres modernes tels que duc, marquis, comte, réside dans des charges publiques tenues sous les rois Mérovingiens (6e-8e siècle).

 

                        ● Un duc (du latin dux, littéralement « chef ») était le gouverneur d’une province, habituellement un chef militaire ;

                        ● Un comte (du latin comes, littéralement « compagnon ») était un délégué du roi gouvernant une ville et ses environs immédiats ou bien un officiel de haut rang dans l’entourage immédiat du roi (comtes du palais …

                        ● Un marquis était un comte qui était aussi le gouverneur d’une « marche », une région aux limites du royaume qui nécessitait une certaine protection contre les incursions étrangères (margrave en allemand).

                        ● Un vicomte était le lieutenant d’un comte, soit quand celui-ci était trop occupé pour rester sur place, ou quand le comté était tenu par le roi lui-même.

                        ● Un baron (titre tardif) était à l’origine un vassal direct du roi ou d’un seigneur féodal important tel que un duc ou un comte.

                        ● Un châtelain était le commandant en charge d’un château. Quelques châtellenies subsistèrent avec le titre de « seigneur ».

            Ces charges devinrent héréditaires et attachées à une terre au cours du temps. La relation avec la terre vint à la fois du fait que ces charges correspondaient à des unités administratives régionales, mais aussi que les rois, plutôt que de payer la solde de leurs officiers en espèces, les payaient en leur donnant des terres dont les revenus représentaient les gages des officiers. Bien que les charges aient été attribuées pour la vie tout au plus, les revenus de la terre et la charge elle-même devinrent héréditaires.

 

            Dans la dernière partie de cette période (9e-12e siècle), le système féodal émergea, qui apporta un système cohérent par l’établissement de relations contractuelles entre tous les membres de la société, depuis le roi jusqu’au paysan. Les titulaires de charge furent naturellement intégrés dans ces chaînes relationnelles, en étant vassaux du roi ou d’un autre grand seigneur (qui leur devait protection et à qui ils devaient loyauté et soutien). Ils pouvaient, en échange, créer leurs propres vassaux, en inféodant dans leur juridiction la terre des autres qui devenaient leurs vassaux. Telle est l’origine des baronnies et des seigneuries.

 

            2. Les titres créés (13e-18e siècle)

 

            A partir du 14e siècle, les rois de France commencèrent à créer des titres, d’abord de ducs et de comtes (principalement pour les membres de la famille royale), puis de marquis à partir de 1505. Tandis que les anciens titres étaient nés auparavant au fil des siècles et correspondaient à une fonction administrative, les nouveaux titres étaient un statut attaché à certains fiefs et conféraient seulement une petite fraction des pouvoirs et privilèges qui allaient avec les anciennes charges.

 

 

            Tous les titres, qu’ils soient féodaux ou créés, étaient attachés à une partie spécifique de l’état royal, régie par les règles du système féodal. La maxime légale précisait : « Pas de seigneur sans terre, pas de terre sans seigneur ». Et le porteur d’un titre n’était rien de plus qu’un type particulier de seigneur. Le propriétaire de la terre à laquelle le titre était attaché, s’il était noble, avait le droit exclusif de porter le titre. S’il perdait ou vendait la terre, il perdait le titre. La terre, et avec elle le titre, obéissait aux règles spéciales d’héritage des fiefs nobles (transmission au fils aîné avec succession par les femmes en cas de défaut de mâle). L’héritier ou l’acheteur de la terre, s’il était noble, pouvait porter le titre après paiement d’une taxe et l’autorisation (habituellement) automatique du souverain. Il y avait aussi un usage qui permettait à la 4e génération de roturiers possédant une terre titrée de porter le titre. Mais l’ordonnance de Blois de 1578 rendit impossible pour un roturier qui achetait un fief de dignité d’acquérir le titre.

 

            Il existait une hiérarchie théorique des titres (Duc, Marquis, Comte, Vicomte, Baron, Vidame), qui impliquait des différences en terme de privilèges, préséances, etc. … Un édit de 1575, rarement appliqué, fixait une taille et des revenus minima pour la terre à laquelle le titre était attaché.

            En fait aux yeux de chacun, les plus importants facteurs déterminant le prestige d’une famille étaient :

            * l’ancienneté de la noblesse de la famille ;

            * les alliances nouées avec les autres familles nobles ;

            * les dignités (positions atteintes et charges tenues) ;

            * les illustrations (actions prestigieuses réalisées).

 

            Parmi les nobles, on distinguait également entre chevalier et écuyer. Ce n’était pas des titres, mais des rangs dans la noblesse. Tout noble, même de fraîche date, était appelé écuyer. Les chevaliers formaient un sous-ensemble de la noblesse qui incluait toute la noblesse titrée, les membres des ordres de chevalerie du roi et également les membres des familles de vieille noblesse, même non titrés.

 

            « Seigneur » n’est pas un titre. Le détenteur, même roturier, d’une autorité en était le seigneur. Le terme seigneur signifiait « possesseur d’un certain type de biens » dans le système féodal, un mélange de biens fonciers et de droits sur des personnes (loyers, fermages et droits pouvaient être collectés, certaines obligations pouvaient leur être imposées, etc. …).

 

La « particule »

 

            Le « de » placé entre le nom de baptême et le nom de famille est souvent pris pour un signe de noblesse (environ 10 000 noms en France, actuellement, dont beaucoup moins sont réellement nobles). Réciproquement, il y a des familles nobles sans particule dans leur nom, notamment dans la vieille noblesse de robe.

            Avant 1789, il était possible d’ajouter au nom de famille, le nom de terres nobles ou de fiefs légalement et durablement acquis, sans que cela confère la noblesse.

 

                                               

 

 

B. La noblesse de la famille d’ESPALY et les nobles de FERRAIGNE

 

* Les d’ESPALY, devenus seigneurs de FERRAIGNE

C’est une noblesse fort ancienne, très probablement conférée par une charge (au temps des rois Mérovingiens ?)

            - histoire complexe et mal connue ;

            - nombreuses questions en suspens ;

            - Les d’ESPALY étaient-ils

                        * comarc (cf. BOUDON-LASHERMES), titre énigmatique, voire inconnu ?;

                        * ou bien tout simplement comes (comte) (une confusion ayant été faite entre les deux dénominations ?; on ne sait pas quels documents furent consultés par BOUDON-LASHERMES).

 

Cette famille d’ESPALY a eut sans nul doute dès l’origine une position privilégiée.

            - Le 1er château d’Espaly était bâti sur une position stratégique forte, quasi imprenable (sur un piton volcanique, aujourd’hui occupé par la statue de Saint Joseph : voir photo panoramique) ;

            - Ses armes (voir blasons) sont prestigieuses ;

            - Sa position déclina cependant au fil des siècles, passant sous la coupe des évêques du Puy (à qui il dû céder son château), malgré son implication dans le système religieux (certains d'ESPALY  furent des religieux), passant de celle de comarc ( ? ) ou comes ( ? ) à celle de châtelains (conservant toujours le titre de « Seigneur » ??) voire de simples nobles ruraux ;

            - Son implantation à Espaly-Saint-Marcel fut maintenue.

 

Le titre de FERRAIGNE, dont l’apparition mal datée, se situerait au plus tard au 13e siècle, est certainement attaché à une terre en vertu de la règle :

            « Pas de seigneur sans terre »

            Donc, il est probable que cette terre « de Ferraigne » a été conservée jusqu’au bout (Aymar d’ESPALY, dernier de la lignée, était seigneur de FERRAIGNE). Le titre fut racheté par la famille de LICQUES.
            Mais sa localisation géographique exacte de cette terre, en Haute-Loire, reste inconnue à ce jour. C'est un mystère à élucider.

 

Le seul d'ESPALY un peu connu par des documents est Aymar (décédé en 1570).

Même si le personnage peut paraître a priori peu sympathique, il est permis de faire quelques réflexions à décharge.

 

            - Son comportement était à l’évidence en grande partie conforme au droit féodal (attribution de droits divers ; perception de droits de passage ; imposition de corvées d’entretien ou de réparation, etc. …). Il peut lui être reproché une trop grande nostalgie du passé féodal… ;

            - Son caractère irascible (pouvant le conduire aux pires excès) peut s’expliquer (mais non se justifier) par une certaine hantise d’un passé familial ancien, conservé dans la mémoire collective et à coup sûr prestigieux ;

            - C’était sans doute un homme soucieux d’assurer sa descendance, mais rongé par le fait de ne pas avoir de fils (il eut 1 seule fille légitime et 4 bâtardes) (voir la page qui lui est consacrée);

            - C'était sans doute un homme au caractère complexe, torturé, mais les guerres de religion qui avaient commencé et s'étendaient dans le Velay, n'ont pas contribué à rendre paisible le crépuscule de sa vie.

 

            Après sa mort, les combats qui se déroulèrent dans son château, puis la destruction complète de celui-ci, ont sans nul doute fait disparaître d'irremplaçables documents.

 

 

* Les FERRAIGNE (avec ou sans de) du Velay

            Connus tantôt comme des alias d’ESPALY, tantôt seuls.

            Peu d'éléments nous sont connus.

 

 

Les de FERRAIGNE (de FERRANHAS, de FIERANHAS), de Bordeaux

            Ils appartenaient probablement à la noblesse de robe si on en juge par le nombre d’hommes de loi portant ce nom.

            Mais d’où venaient-ils ?? Avec leur nom "gasconnisé", avaient-ils des liens de parenté avec les de FERRAIGNE du Velay ?

 

                                  

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