Aymar d’ESPALY,

dernier seigneur de FERRAIGNHE (1521-1570)

 

            Le dernier membre de la famille d’ESPALY est connu par ses démêlés avec la justice. Un ensemble de témoignages (à charge), recueillis le 12 octobre 1556[1] en vue de son procès pour le meurtre de Pons de NOGARET, son voisin, permet d’en brosser un portrait psychologique pour le moins contrasté et d'imaginer la personnalité complexe du dernier d'ESPALY, seigneur de FERRANHE.

 

            « Eymar despaly seigneur de ferranhe » y est qualifié de « malvays homme » et son domaine de La Bernarde (à Espaly-Saint-Marcel, près du Puy-en-Velay) était « ung lieu fort solitaire et hors de voisinaige, ung passaige fort dangereux et destiné a malfaicteurs ».

 

            Ces différents témoignages, sous serment prêté sur les Saintes Évangiles, recueillis par Anthoine MOTON, notaire et greffier, l’accusent d’avoir :

 

            - démoli des murs délimitant des champs (champ de Chanchany) pour s’approprier les terrains de ses voisins (dont Guyot de Licques); démoli sur la rivière Borne des barrages servant à l’irrigation des champs de ses voisins ;

 

            - saisi du bétail appartenant à ses voisins et qui divaguait sur ses prés, le restituant seulement contre argent;

 

            - coupé et jeté à la rivière à plusieurs reprises des (gros) arbres appartenant à des voisins, leur extorquant de l’argent pour cesser le saccage;

 

            - accordé à sa guise et contre argent des droits de pêche dans le bief de son moulin sur la Borne (moulin de Corbeyre ou moulin de Ferranhe), des droits de l’exploitation de carrière de pierre (tous droits appartenant au Comte du Velay, seigneur du Puy);

 

            - rançonné, battu diverses personnes passant près de sa maison ou empruntant le pont de Corbeyre sur la rivière de Borne;

 

            - obligé les hommes du village d’Espaly à réparer le pont et ce sans rétribution ;

 

            - frappé et grièvement blessé avec son épée des voisins ou des marchands passant près de sa maison (habituellement, il les jetait dans la rivière…); il fut soupçonné de la mort de deux hommes, retrouvés noyés ;

 

            - chassé de sa maison sa femme et sa fille ;

 

            - hébergé chez lui « putain a pot et a feu » et d’en avoir eu « trois ou quatre bastardes »;

 

            - l’habitude de jurer abondamment (la mort dieu, la sang dieu, la teste dieu etc. …n’étaient que la base de son répertoire) ;

 

            - tenté de voler « larche de la luminaire de lesglise de sainct marcel ou y avoyt beaucop dargent » (coffre contenant l’argent destiné à payer l’huile des lampes à huile, les cierges, etc. …).

 

                                   

 

 

           Dans son testament du 7 aôut 1546, Eymar lègue :

            - à chacune de ses quatre filles naturelles Marguerite, Ysabel, Suzanne et Catherine d’Espaly « 20 livres pour estre employé en robbe si ycelles contractent mariage » ;

            - à sa fille naturelle et légitime Jehanne « 300 livres payables quand sera colloqué en mariage » 

            - à son épouse Françoise de Limones la somme de … « 5 solz ».

 

                                  

 

 

            Après le décès de leur seigneur en 1570, les espaviots et espaviotes (habitants d'ESPALY-SAINT-MARCEL) pouvaient espérer une vie moins agitée. C’était sans compter avec la Sainte Ligue qui avait commencé quelques années plus tôt (voir page sur les événements d'Espaly)….


 

[1] Résumé succint établi à partir de copies des minutes originales, documents provenant des archives de … et aimablement communiqués par Ph. RAMONA.

   

   

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