Deux lignées roturières principales, indépendantes et distinctes ?

 

Les dépouillements portant sur la période classiquement couverte par les registres paroissiaux de baptêmes, mariages, sépultures (dont la tenue fut rendue obligatoire par l’ordonnance de Blois, 1579), mettent en évidence l’existence de deux lignées distinctes, bien individualisées[1], qui ont été suivies sur 3 siècles. Elles sont restées en Auvergne, se développant et prospérant dans un contexte provincial rude, ayant longtemps coexisté à peu de distance l’une de l’autre, pour finalement se disperser à partir du 19e siècle en de petites branches secondaires, les unes brèves, les autres à descendance nombreuse.

 

            1. La lignée d'Églisolles (commune du Puy-de-Dôme, 63).

 

            A Églisolles, en raison de l’état très parcellaire, incomplet, des archives antérieures à 1600, tant à la Mairie qu’aux AD de Clermont-Ferrand, le plus ancien FERRAIGNE est connu indirectement, par sa qualité de parrain.

 

            - Johan FERAIGNE est le parrain de Johanna, née le 29 octobre 1604 au hameau du « Breul » (Breuil, paroisse d’Églisolles), fille à Mathieu FERAIGNE et Clauda TUAIRE. Compte tenu d’une coutume largement répandu, il est assez probable que Johan était soit le grand-père de Johanna, soit son oncle.

             L’age de Johan FERAIGNE est inconnu, mais on peut raisonnablement situer sa date de naissance vers 1570-1575 (hypothèse de l’oncle), voire vers 1540-1550 (hypothèse du grand-père). En dehors du lieu précis de naissance et de baptême de Johanna, aucun détail n’est connu ni sur le parrain (lieux de résidenceet de naissance) ni sur les parents (lieux de naissance) qui sont ainsi, faute de documentation, isolés.

 

            Grâce aux recherches de Marie-Christine FERRAGNE-LAFOND (communication personnelle), une généalogie assez précise a pu être établie à partir d’André FERRAIGNE (né au Breuil vers 1620, époux de Catherine SOLEILLANT). Toutefois le lien de parenté, fort probable, entre André et Johan/Mathieu (pourtant tous trois habitants du Breuil d’ Églisolles) reste pour l’instant indéterminé. Il en est de même pour  8 à 10 petits rameaux isolés de FERRAIGNE d’Eglisolles (formés chacun par 2 ou 3 générations), répartis dans la 1ère moitié du 17e siècle, qui n’ont pu être pour l’instant reliés ni entre eux, ni à André ou Mathieu.

            Cette lignée d’Églisolles paraît avoir été la plus prolifique puisque des descendants successifs d’André vivront dans divers hameaux d’Églisolles (et plus spécialement le hameau du Breuil, pourtant peu hospitalier à première vue) et dans les communes voisines (notamment à Saint-Romain, Saillant, Saint-Anthème) jusqu’à l’époque actuelle.

 

                        2. La lignée de Craponne-sur-Arzon (commune de la Haute-Loire, 43), où nous avons retrouvé (G.F.) des traces remontant au tout début du 17e siècle.

 

            Il s’agit de Jean FERRAGNIE ou FERRANIE ou FERRAGNE (selon les actes), époux d’Anthonia (Anthoinette) MARCHAND, identifié grâce aux baptêmes de leurs fils Vital (1632), Claude (1633), André (1635) et Anthoyne (1648). Jean serait le fils de Vital, né en 1582 (informations non confirmées).

            La naissance de Jean doit se situer logiquement au tout début du 17e siècle (entre 1600 et 1610). Sa descendance a pu être établie en détail (G.F.)

            Certains FERRAIGNE de Craponne (Anthoyne notamment) ont émigrés vers Tiranges (43), petit village voisin (à une douzaine de km), dès le milieu du17e siècle. Ils y ont laissé une longue descendance, formant une lignée indépendante de celle de Craponne.

            Plus aucun FERRAGNE ne vit à Craponne ou à Tiranges depuis le début du 20e siècle.

 

            Une courte ( ?) lignée a été identifiée à Bas-en-Basset (43) où Mathieu FERRAIGNE, époux d’Isabeau CHEUCLENC apparaît dans les registres paroissiaux grâce aux baptêmes de leurs enfants Pierre (1626), Catherine (1629) et Alix (1631).

 

            Malgré un dépouillement minutieux et complet des archives des différentes communes citées ci-dessus, aucun lien de parenté n’a pu être mis en évidence entre ces deux lignées d’Églisolles et de Craponne-sur-Arzon, ne serait-ce qu’au travers d’un simple parrainage et ce de la fin du 16e au début du 20e siècle (date limite légale d’accessibilité des archives).

            Le fait paraît assez singulier étant donné la proximité des deux paroisses, distantes seulement de 18 Km par la route actuelle, de 14 Km à vol d’oiseau ou par les sentiers.

            Cette singularité est accentuée par le fait que certains des FERRAGNE de Craponne-sur-Arzon, ayant des activités artisanales telles que maréchal taillandier, serrurier, marchand, hôtelier, cabaretier, etc. … et que, souvent qualifiés « Maîtres », ils devaient être connus par ouï-dire des villages voisins (dont Eglisolles). En outre, ils semblaient jouir d’une certaine notoriété comme en attestent leurs qualités de témoins dans de nombreux actes notariés.

 

            S’il fallait à tout prix trouver un lien entre Craponne et Églisolles, quelques pistes, bien incertaines, peuvent être proposées.

            * Clauda TUAIRE, épouse de Mathieu (Églisolles), porte un patronyme présent au nord de Craponne (communication personnelle de Thierry PELOUX) ;

            * TUAIRE, inscrit sur le registre des baptêmes, est peut-être une déformation de THEOLYERE, patronyme fréquent à Craponne.

            * Enfin, des liens avec Sauvessanges, village à mi-parcours entre Églisolles et Craponne, sont anciens (Vital COURTRIAL, parrain de Vital FERRAGNE (né en 1633) habitait Sauvessanges ; Gabriel y a trouvé épouse vers 1740).

            A l’évidence, les liens de parenté originels entre les deux lignées (plus que probables compte tenu de la rareté du patronyme et de leurs proximités géographiques) étaient apparemment déjà totalement distendus avant la fin du 16e siècle. Mais cela ne doit pas surprendre: un certain éloignement géographique provoque vite la distension des relations familiales et l'oubli réciproque, ... même de nos jours... .

 

                    3. Des recherches plus récentes (Ghislaine FERRAGNE, 2010) conduisent à élargir cette vision, sans doute un peu trop simple.

             En effet, grâce à la remarquable politique de mise en ligne menée par les Archives Départementales du Puy-de-Dôme, il est possible de consulter les plus anciens registres paroissiaux, pièces souvent fragiles et donc difficilement accessibles ( http://www.archivesdepartementales.puydedome.com/etat-civil-126.html ). Ces documents sont ainsi mis à disposition, dans leur état actuel ("dans leur jus"), mais consultables à loisir, avec en contrepartie la difficulté de la transcription des écritures, la forme des lettres pouvant légèrement varier selon la région ou le scribe.

 

                    Ainsi, deux autres "foyers"  de FERRAGNE anciens ont été localisés.

            * à Saint-Just-de-Baffie, le 9 mai 1603, baptême de Pierre FERRAGNE, fils de Claude ;

            * à Sauvessanges, en février 1604, mariage de Claude FERRAGNE, fils d'André.

                   

                    Johan et Mathieu FERAIGNE (Le Breuil d'Eglisolles), Jean FERRAGNIE et Vital FERRAGNE (Craponne-sur-Arzon), Claude FERRAGNE (Saint-Just-de-Baffie) et André FERRAGNE (Sauvessanges ?), tous nés dans la 2ème moitié du 16e siècle sont donc les plus anciens FERRAGNE roturiers connus à ce jour avec certitude par documents d'époque.

 

 

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[1] Les auteurs de ce site appartiennent chacun à l'une  de ces deux lignées : Ghislaine FERRAGNE (lignée de Tiranges/Craponne-sur-Arzon), André FERRAGNE (lignée d'Églisolles).